
Palimpseste
Description de mon œuvre
Cette toile, réalisée en huile, crayon et sérigraphie sur toile marouflée sur bois, mesure 120 cm x 120 cm. Elle s’inscrit pleinement dans ma démarche artistique autour du palimpseste visuel, où les souvenirs s’effacent, se réécrivent et se transforment.
L’iceberg, motif récurrent dans mon travail depuis mon voyage en Antarctique, devient ici le symbole de cette mémoire en mouvement.
La sérigraphie imprimée au début du processus provient d’une photographie que j’ai prise lors de cette expérience personnelle marquante, mais cette image initiale est progressivement altérée et réinterprétée au fil des étapes de création.
Sur cette toile, je représente un iceberg réaliste, mais avec un style volontairement pictural, loin de l’aspect léché ou photographique. Je veux que la peinture reste vivante et expressive, comme une trace fragile qui pourrait s’effacer.
À mesure que l’iceberg glisse vers la droite, il perd ses contours précis et se fond dans un flou abstrait. Ce processus évoque l’idée d’une image qui disparaît peu à peu pour laisser place à une autre réalité, plus incertaine et subjective. Les couleurs jouent un rôle essentiel dans cette transformation : je travaille avec des complémentaires et des camaïeux pour créer des contrastes subtils et des harmonies qui renforcent l’immersion.
En bas de la toile, une forme blanche se dessine, comme une silhouette d’iceberg inversée. Elle peut être perçue comme un reflet ou peut-être comme le fond de la mer. Des lignes verticales au crayon relient cette forme à l’iceberg principal. Ces lignes, aux teintes plus chaudes, symbolisent la fonte progressive de la glace.
Elles introduisent une tension entre le haut et le bas de la composition, évoquant à la fois la fragilité des glaciers et leur transformation inévitable.
Mon approche artistique
La réalisation d’une toile comme celle-ci passe par plusieurs étapes.
Tout commence par la fabrication du support, marouflé sur bois pour garantir une bonne longévité et une forme unique.
Ensuite vient la sérigraphie, imprimée à partir d’une photographie personnelle prise en Antarctique. Ce premier geste pose les bases de l’œuvre, mais il ne s’agit que d’un point de départ : au fil du processus, cette image initiale est altérée, recouverte et redessinée.
J’interviens ensuite avec l’huile et le crayon pour travailler les textures, les formes et les couleurs, laissant place à une évolution progressive vers l’abstraction. Ce dialogue entre effacement et réécriture est au cœur de ma démarche.
La composition de mes œuvres repose toujours sur le nombre d’or, garantissant un équilibre naturel et harmonieux.
Dans cette pièce, j’ai placé l’iceberg dans le tiers supérieur de la toile. Ce choix est délibéré : il reflète l’idée que la plus grande partie d’un iceberg reste immergée sous l’eau, cachée à notre regard. Cette face invisible symbolise pour moi ce qui est enfoui dans nos mémoires ou notre inconscient.
Mon activité artistique m’amène souvent à créer en résidence. Ces expériences me permettent de concevoir des œuvres in situ qui dialoguent avec leur environnement immédiat. Ces créations sur place nourrissent ensuite mon travail en atelier : elles inspirent mes recherches formelles et mes réflexions sur le lien entre espace et mémoire.
Mes formats polygonaux évoquent les formes irrégulières de la banquise à la dérive. Ils renforcent le lien entre mes œuvres et les paysages glacés qui m’ont inspirée lors de mon voyage.
Une œuvre immersive et personnelle
Cette toile marque une étape importante dans mon parcours artistique. Elle fait suite à une série d’études à l’huile au petit format ou sur des toiles d’un mètre par un mètre, ainsi qu’à des collages numériques. Je cherche à créer des œuvres immersives, où le spectateur peut être captivé par le contraste entre une partie réaliste et une abstraction poétique. Cela rejoint ma démarche dans mes séries précédentes, comme celle sur les nuages ou Shortcut, où je joue également sur cette frontière entre réalité et imaginaire.
À travers cette œuvre, j’explore l’idée du palimpseste : une image qui s’efface pour être redessinée autrement au fil du temps.
La silhouette blanche en bas de la toile incarne cette idée : elle pourrait être un reflet ou une mémoire fragmentaire de l’iceberg principal – quelque chose qui persiste malgré sa disparition progressive.
Les lignes verticales qui relient ces deux éléments traduisent visuellement ce processus d’effacement et de transformation tout en symbolisant la fonte des glaces.
C’est aussi une réflexion sur la mémoire – ce qui persiste malgré l’effacement – tout comme un iceberg dont seule une petite partie émerge à la surface.